Animal amour

Je constatais avec bonheur que certains Erewhoniens avaient décidé de se rapprocher des animaux et de partager avec eux des moments de complicité.

[Source](https://www.laurentiugarofeanu.com/projects/ffrek7ukhuqbrvipfnu02gwn86jvl1)

J’observais partout d’étonnantes scènes de liesse entre les espèces les plus diverses. Il me semblait que les différenciations communément admises autrefois entre animaux, plantes et humains avaient cessé d’exister. Ou, du moins, que ces derniers mettaient en pratique tout ce qui leur était possible pour se rapprocher des animaux et des plantes.

[Source](https://youtu.be/MWrqMXf_wpg)

Il y a peu de temps, personne ne voulait croire que les animaux étaient intelligents. C'est maintenant admis. Quoi qu'il en soit, on considérait que les végétaux n'avaient aucune intelligence. Cela fut vite contesté. […] On pensait malgré tout que la pensée est absente du monde inorganique. Même cela est aujourd'hui nié. Les divisions entre variétés, espèces, genres, ont disparu ; ainsi que celles entre instinct et raison ; entre animaux et plantes ; entre hommes et animaux inférieurs ; ainsi, bientôt, la division entre organique et inorganique disparaîtra ; et, avec elle, la division entre esprit et matière. – The Notebooks of Samuel Butler (1835-1902)

Annie Sprinkle et Elizabeth Stephens [Source](https://studybreaks.com/culture/ecosex-movement-intersecting-environmental-activism-sexual-identity/)

Tout entier charmé par ces effusions, je fus soudain le témoin d’un spectacle fort différent et qui me saisit. Je découvris en effet qu’il existait des sortes de prisons géantes, configurées comme d’atroces usines et dans lesquelles des milliers de cochons, de poules, de vaches et toutes sortes d’animaux, étaient enfermées dans les conditions les plus misérables. Comment cette contradiction était-elle possible ? Comment les Erewhoniens pouvaient-ils s’adonner à des jeux sensuels avec des animaux et, tout à la fois, les traiter comme s’ils étaient dénués des sensations les plus primaires ?

Le simple fait de nourrir et élever des animaux est un acte de persécution. L'homme est le seul animal qui peut rester en bons termes avec les victimes qu'il a l'intention de manger, jusqu'à ce qu'il les mange. – The Notebooks of Samuel Butler (1835-1902)

[Source](https://www.news.iastate.edu/news/2014/07/10/feedefficiency)

Ici, la cruauté avait atteint un degré inexplicable. Les Erewhoniens avaient-ils perdu toute forme de sensibilité, pour construire de tels environnements ? À dire vrai, à l’exception des animaux qui y étaient torturés, je ne vis là aucun être vivant. Ces lieux, destinés à recueillir de la nourriture pour les humains, étaient entièrement maintenus par des machines et des logiciels.

[Source](https://civileats.com/2017/09/05/factory-farming-is-sweeping-the-uk/)

Comme le rappelle Samuel Butler, les Erewhoniens ont, dès le début de leur développement, adopté une curieuse conception de l'alimentation. Celle-ci est essentiellement pour eux un processus spirituel. Certes, chacun en conviendra, le corps assimile sa nourriture (ou la plus grande partie de celle-ci). Il en transforme la matière pour en faire sa propre matière. Mais, pour un Erewhonien, cette façon de voir, toute matérielle, serait abstraite. Il répondrait que nous ne sommes pas seulement des corps mais aussi des esprits. Et c'est avec l'esprit aussi que nous mangeons. En digérant, nous imposons notre esprit, c'est-à-dire notre point de vue, nos opinions, à ce que nous mangeons. Nous le convertissons à une manière de voir humaine : les vaches dans les champ, les cochons dans les étables, les légumes du potager, les fruits sur les arbres se soumettent à notre humanité lorsqu'ils passent par notre bouche.

AeroFarms. [Source](https://aerofarms.com/2019/02/20/aerofarms-is-on-a-mission-to-grow-the-best-plants-possible-for-the-betterment-of-humanity/)